· Je cultive le bonheur dans mon petit jardin ouvrier à Calais
À Calais, les jardins ouvriers connaissent un tel succès que les surfaces n'y suffisent plus. Porte de Lille, le projet d'agrandissement se finalise. Qu'est-ce qu'on a tous à vouloir cultiver son lopin de terre ?
Pas facile d'en trouver l'entrée. Tout au bout d'une petite route, après un fort virage, les cabanes pointent leur toit le long de la rivière du Grand Duc. Bien rangées dans leurs allées gravillonnées, que séparent des haies dont pas une branche ne s'évade, parfaitement rectilignes. Partout règne l'ordre. Les jardins ouvriers de la Porte de Lille n'ont plus rien à voir avec ce qu'ils étaient du temps où ils occupaient la zone Curie, des abris de bric et de broc, moitié croulants, moitié rongés par la rouille et qui s'étalaient comme un bidonville vert. Leur déménagement a été l'occasion d'un réaménagement salutaire. « Ils sont connus pour ça », sourit Bernard Géneau. Le président de l'association des Jardins ouvriers de la Porte de Lille est aussi réputé pour être un sévère gardien. C'est à lui que la ville a confié les clefs de ces 6 hectares de terrain équitablement fractionnés en 143 parcelles de 300 m². Un petit paradis abrité des bruits de l'autoroute par des vents dominants favorables. Où, outre l'ordre, on cultive avec des engrais organiques (du crottin de bovin séché), carottes, navets, aubergines, pommes de terre, poireaux etc. « En début de saison, un petit turn-over a permis de faire plaisir à dix personnes, rapporte Bernard Géneau mais la liste d'attente est longue, cinquante personnes au moins attendent une place. » Des gens en appartement ? « Essentiellement. Surtout, les gens veulent manger plus sain et puis économiquement, c'est très intéressant, Bernard Géneau pointe le doigt vers une parcelle : Là, j'ai une famille de quatre personnes qui subvient aux besoins de sa famille en légumes grâce au jardin. » Un argument économique qui revient de plus en plus souvent dans l'envie des gens de cultiver leur coin de terre, même si ça reste pour beaucoup, avant tout, un plaisir.
Voix du nord 2/05/2009